Mulhouse_LA VERITE INCINERATRICE…ET L’AUTRE !

LA VERITE INCINERATRICE…ET L’AUTRE !

L’incinérateur originellement présenté comme ultra moderne, ultra sophistiqué, ultra propre ( ???) du SIVOM de Mulhouse, défraie à nouveau la chronique.
(DNA - Dernières Nouvelles d’Alsace, samedi 17 février 2007)

Pour l’Alsacien moyen, ce nouvel élément n’est qu’un épisode de plus du feuilleton dioxiné qu’ils suivent tous depuis la naissance de la bête incinératrice en 2001.

• Dépassement chronique des normes de rejets. Incidents à répétition.
• Casse répétée du turbo-alternateur. (C’est le 3° qui est aujourd’hui en fonctionnement)
• Explosion d’un four.
• Production sporadique de mâchefers non conformes.
• Dysfonctionnement à répétition, avec toutes les conséquences olfactives que cela induit au CSDU de Retzwiller.
• Le P.V. de réception du chantier n’a toujours pas été délivré.
• Mises aux normes ruineuses en 2005
• Etc…

Pour les personnes qui s’intéressent de plus près à la question, les choses sont beaucoup moins simples :

• Comment se fait-il qu’une usine d’incinération classée « Sévéso » puisse fonctionner sans disposer du PV de réception de l’ouvrage, qui quelque part garantit la sécurité de fonctionnement de l’outil ?
• Comment se fait-il que cette usine, qui dépasse les normes de rejets, ait reçu en décembre 2005 son certificat de conformité après mise aux normes ?
• Comment se fait-il qu’une usine qui rejette aujourd’hui 0,24 ng/Nm3 de dioxine, soit 1320 ng par tonne de déchets brûlée, ne se voit pas interdite de fonctionnement ? Le problème est particulièrement alarmant si l’on s’en réfère au fait que les normes actuellement en vigueur ne sont que des normes technologiques, et non pas des normes sanitaires dont la pertinence fixerait les niveaux cent fois plus bas.
• Comment se fait-il que l’usine de Mulhouse ne fonctionne pas correctement, laissant entendre que les autres fonctionnent très bien ?

Ce qu’il est nécessaire de reconnaître, c’est que le Président du Sivom de Mulhouse-Sausheim, M. Daniel ECKENSCHWILLER, ancien Sénateur, est un homme d’une intégrité et d’une rigueur tout à fait remarquables, qui visiblement, n’accepte de fonctionner que dans la rigueur de la plus grande transparence, et on ne peut que le féliciter.

Malgré cela, à Aspach le Haut, la majorité des élus du syndicat mixte SM4 ferme les écoutilles pour ne pas entendre et ne pas voir en face la réalité incinératrice, parce que dans leur culture du siècle passé, l’incinération est la solution, et qu’ils veulent absolument faire joujou avec leur propre incinérateur. Quand des élus, qui habitent à côté de Mulhouse, qui ont le nez dans les monstrueux problèmes de l’incinérateur mulhousien, veulent malgré tout se lancer dans le projet de construction d’un nouvel incinérateur surcapacitaire, on ne peut s’empêcher de penser que les forces occultes sont particulièrement convaincantes.

Loin de moi l’idée de jeter l’opprobre sur Mulhouse qui ne le mérite pas. Elle est à quelque part victime de sa correction dans le domaine, mais ce qu’il faut surtout retenir, c’est que Mulhouse n’est sans doute pas l’exception qui confirme la règle ; elle est bien plus probablement l’expression perlée de la règle.

Si l’on considère que la législation, au travers de l’article 28 de l’arrêté ministériel du 20 septembre 2002, relatif aux installations d’incinération, interdit strictement les contrôles inopinés des substances rejetées, et que dans ces conditions très particulières, les résultats dépassent encore les normes, il n’y a aucune raison de prendre au sérieux les déclarations rassurantes et lénifiantes de l’état en ce qui concerne la dangerosité des incinérateurs.

A l’heure où de nombreux scientifiques sont de plus en plus inquiets sur les conséquences sanitaires des rejets atmosphériques de dioxines, et qu’ils envisagent un fléau génotoxique, qui dépasserait de loin les conséquences du drame de l’amiante, le feu rouge clignotant de l’incinérateur de Mulhouse doit servir à chacun pour faire disparaître tout projet de nouvel incinérateur.

Février 2007
Dany DIETMANN
Maire de Manspach, professeur de sciences de la vie et de la terre, auteur de : « Déchets Ménagers, Le jardin des impostures »