Le tonnage des déchets ménagers en Corse vu par le cabinet Merlin et le Syvadec

La manipulation des chiffres

Textes


La population de la Corse est évaluée en 2006 à 353 300 habitants (265 000 résidents et 88 300 « touristes/équivalents habitants »). Selon les hypothèses d’évolution (évolution population résidente 0,4 %), [1] utilisées par le Cabinet Merlin, Ingénieurs Conseils, mandaté par le Syvadec, la population totale atteindrait 380 200 habitants [2] en 2015.

Le projet de traitement des déchets du Syvadec prévoit, à l’horizon 2015, une production de déchets ménagers bruts de 213 000 t/an [3], soit 560 kg /habitant/an.

Or la production annuelle de déchets actuelle d’un Français est de 360 kg /habitant/an [4].

A partir de cette production moyenne de déchets, la quantité pour la Corse serait au plus de 137 000 tonnes annuelles de déchets bruts. Avec un taux de 30 % de tri, selon le PIEDMA [5] de la Corse, le tonnage à enfouir ou incinérer serait 96 000 tonnes et pourrait passer à 68 500 tonnes [6].

Depuis 2005, le Ministère de l’Ecologie et du développement durable préconise de réduire les déchets à enfouir ou à incinérer à 250 kg /habitant/an en 2010, puis 200 kg /habitant/an en 2015. Si l’on applique ces directives gouvernementales, en 2015 nous aurions à enfouir ou incinérer 76 040 tonnes, soit moins de la moitié du chiffre avancé.

Où sont donc les 157 500 tonnes annuelles à incinérer données par l’étude du Cabinet Merlin ?

Trois déductions s’imposent :

 le dossier, dans lequel s’implique M. le Préfet de Région, ne respecte ni les directives ou préconisations du ministère, ni celles de la Charte de l’Environnement, ni la Directive Nationale d’Orientation pour les politiques de l’écologie et du développement durable adressée par Mme Nelly OLIN le 11 juillet 2006 à tous les préfets

 l’étude avance les chiffres les plus fantaisistes pour imposer par n’importe quel moyen un incinérateur surdimensionné, dangereux, inutile et extrêmement coûteux.

 faudrait-il brûler non seulement les déchets triés par les usagers et destinés au recyclage, mais aussi des déchets importés pour rentabiliser l’usine ?

Le PIEDMA est pourtant clair :
Extraits :
Page 10 : "Un des soucis majeurs de la circulaire du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement en date du 28 avril 1998 est celui de la maîtrise des coûts d’élimination en vérifiant que les actions de valorisation sont économiquement réalistes et en évitant tout particulièrement le surdimensionnement des unités de traitement thermique."
Page 29 : "La filière de valorisation énergétique (l’incinération) exige une attention particulière quant à son dimensionnement : En effet, ses coûts d’investissement sont élevés et les frais fixes sont importants. Une fois l’usine construite, il devient primordial de lui apporter une quantité de déchets la plus proche de sa capacité prévisionnelle. Il peut être alors tentant d’incinérer des déchets qui n’ont pas vocation à l’être, notamment ceux qui peuvent être recyclés. Ainsi, outre qu’il générerait des excès d’investissement, un surdimensionnement serait néfaste au développement des collectes sélectives dont le but est précisément de réduire les quantités à traiter. Le surdimensionnement d’une unité de traitement thermique peut donc conduire à l’effondrement économique de l’ensemble de la filière de traitement des déchets ."


Voir en ligne : Le PIEDMA et ses annexes

[1Evolution de la population saisonnière 1% ou 2%/an

[2Selon l’hypothèse d’évolution la plus favorable

[3Synthèse du projet fédérateur Cabinet Merlin, page 3/22

[4Source ADEME, Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable

[5PIEDMA : Plan Interdépartemental d’Elimination des Déchets Ménagers et Assimilés

[6si l’on applique le taux de 50 % préconisé par la circulaire du Ministère de l’Environnement du 28 avril 1998