VOUS AVEZ DIT INCINERATEUR ?
Trier c’est économiser
Manspach, petite commune alsacienne de 525 âmes, dont je suis le maire, ne paie pas les collectes des produits triés : Papiers, Cartons, Plastiques, Métaux, Verre, Huile, Textiles.
Pour les déchets de cuisine nous avons des composteurs individuels. Par contre nous payons au poids les produits non triés, ce qui représente en moyenne 103 kg par habitant et par an, pour un coût moyen de redevance inférieur à 45 € par habitant et par an tout compris.
Lorsqu’il nous a été interdit de déposer ces 103 kg sans fermentescibles dans la décharge départementale de Retzwiller qui est à 1 km, on nous a obligé à aller à l’incinérateur de Bourogne à 15 km de chez nous. Voyant arriver nos déchets dans lesquels il n’y avait ni papier, ni carton, ni plastique, ni fermentescibles, il nous fut demandé de remélanger nos produits triés, pour rendre à l’incinérateur la flamme incinératrice que le tri lui faisait perdre. Nous avons refusé et nous continuons à trier encore mieux qu’avant parce que cela nous permet de protéger notre porte-monnaie en protégeant notre santé et notre environnement.
Les chiffres des études sont toujours « gonflés » Aujourd’hui, lorsque je regarde les documents établis en 1990 par le bureau d’étude Merlin pour justifier la construction de l’incinérateur de Mulhouse, et demander l’adhésion de notre commune au syndicat mulhousien, je m’amuse en constatant que les prévisions faisaient état pour Manspach d’une masse de déchets de presque 600 kg par habitant et par an, alors qu’aujourd’hui, avec le tri , la pesée embarquée et le principe de la redevance, la moyenne sur Manspach est inférieure à 100 kg/habitant/an. Cela signifie que Merlin s’était trompé de 600%, et que nous avons eu bigrement raison de dire « Non » au financement et à la construction de l’incinérateur mulhousien.
Comment un incinérateur « propre » se comporte à l’usage… L’incinérateur ultramoderne, bénéficiant de toutes les mises aux normes, est une catastrophe technologique régulièrement en panne Il s’est trouvé interdit de fonctionnement pour dépassement des normes de rejets de dioxines. Le bilan de ces 5 premières années est calamiteux et les ménages ruent dans les brancards et manifestent, face à l’explosion des taxes qu’entraînent les pannes à répétitions, et les remises aux normes de cet outil inutile, ruineux et particulièrement dangereux. Pendant quinze ans au moins les mulhousiens ont à présent l’obligation de produire annuellement 176 000 tonnes de déchets, car s’ils venaient à en produire moins les coûts de la taxe augmenteraient encore. Adieu le tri et la réduction des déchets à la source. Ne parlons pas des 52 000 tonnes par an des restes de combustion qui doivent être discrètement dispersées dans l’environnement, avec leurs métaux lourds, PCB et dioxines.
Dany DIETMANN, Maire de Manspach, Alsace -
Auteur de : "Déchets Ménagers, Le jardin des impostures" Editions l’Harmattan, 2005
N.B. En janvier 2007, le bilan établi un nouveau résultat : la masse des produits résiduels ménagers ultimes est passée à 96 kg/hab/an.