L’annonce de l’abandon de l’incinérateur pour traiter les déchets ménagers en Corse, faite le 31 juillet 2007, aurait dû être suivie rapidement de la mise en conformité du texte qui l’avait planifié, à savoir le PIEDMA (Plan Interdépartemental d’Elimination des Déchets ménagers et Assimilés). Ce plan a été voté par les Conseillers de l’Assemblée de Corse en novembre 2002 et approuvé par arrêté préfectoral un mois plus tard.
En application du Piedma, le Syvadec (Syndicat pour la Valorisation des Déchets de la Corse) a adopté le 7 juillet 2006 une filière globale de traitement des déchets pour 25 ans : déplacement au centre de l’île (vallée de Ponte Leccia/Canavaggia) de tous les déchets de la Corse vers une Unité de Valorisation Energétique par procédé thermique (UVE), c’est à dire vers un incinérateur.
Dès la mi-août 2007 les décideurs en charge de ce dossier ont cherché à faire croire qu’il n’y avait pas d’incinérateur dans le Piedma. Le 25 octobre 2007 à l’Assemblée de Corse, un rapport relatif au traitement des déchets, qui confirmait le principe d’une seule UVE régionale, était proposé au vote des conseillers territoriaux.
Cette obstination à ne pas vouloir réviser le Piedma ne risque-t-elle pas de mener la Corse vers une crise « à la napolitaine » ? Les mêmes causes produiront-elles les mêmes effets dans notre île ? Allons-nous continuer à enfouir près de 90 % des déchets ménagers ? Lorsque les sites d’enfouissement seront saturés, ou avant, l’incinération nous sera imposée, au prétexte de sauver la situation.
Le Collectif contre l’incinération des déchets en Corse, soucieux de faire évoluer ce dossier et afin de susciter le débat sur les nouveaux choix indispensables, a réalisé une étude et diffusé ses propositions alternatives à tous les élus de l’Assemblée et à diverses personnes intéressées par cette question.
Ce débat est extrêmement urgent en raison du retard accumulé et n’empêche pas de réaliser la partie du Piedma qui fait consensus, notamment les centres d’enfouissement prévus au plan pour la période transitoire. La révision doit porter sur la nature et le nombre des installations de traitement.
Rappelons que la technique dépassée de l’incinération présente des risques pour la santé et l’environnement et ne supprime pas les décharges. C’est la solution la plus coûteuse du fait de la centralisation des déchets et de la surcapacité des usines. Son impact sur le réchauffement climatique est considérable : une tonne de déchets brûlés dégage une tonne de gaz à effet de serre. Enfin, elle va à l’encontre de toute politique efficace de réduction des déchets, de tri, de recyclage et de compostage, dont la priorité a été réaffirmée dans les orientations du Grenelle de l’environnement.