Alors que la Corse se croyait délivrée de la menace de l’incinérateur pour ses déchets, la nouvelle version du projet de Plan d’Aménagement et de Développement Durable de la Corse (Padduc) pose problème.
Rappelons que l’abandon définitif de l’incinération avait été annoncé, impliquant la mise en révision du Plan d’Elimination des Déchets ménagers. Voir ci-dessous la déclaration de Camille de Rocca Serra, son président : Vidéo 11 juillet 2008 France 3 Corse.
Le version du Padduc amendée de mars 2009, fait apparaître des incohérences inquiétantes :
– dans la liste des amendements (p. 3 et 6), on lit :
« suppression de toute référence à l’Unité de valorisation énergétique (incinérateur) » .
L’exécutif semble avoir pris en compte les recommandations du Conseil des sites et du Conseil économique et Social.
– mais dans le corps du texte du Padduc, les orientations pour le traitement des déchets préconisent l’incinérateur :
« (…)
– traitement par la voie de la valorisation énergétique pour les déchets qui n’auront pas pu faire l’objet de valorisation matière (…)
– cette installation serait localisée à proximité immédiate de la voie ferrée (…)
– priorité est en effet donnée à la voie ferrée pour le transport des déchets »
– dans l’évaluation environnementale (p. 48, 144, 145, 146) on peut lire clairement que l’orientation du Padduc est l’orientation du Piedma de 2002. On n’a même pas pris la peine de supprimer le terme d’UVE !
« Valorisation énergétique » des déchets résiduels signifie : « brûler les déchets » et produire de l’électricité, c’est-à-dire INCINERER !
Finalement « supprimer toute référence à l’UVE (incinérateur) »dans l’amendement ne veut pas dire supprimer l’incinérateur dans le Padduc.
On a juste évité d’employer le mot qui fâche !
Tout comme en mai 2002, après l’enquête publique du Piedma, le rapport des commissaires enquêteurs (p 30), préconisait de « supprimer toute référence à l’incinération dans la rédaction du plan et de tous ses documents annexes, notamment ceux destinés à toutes les opérations de communication : le terme d’Unité de Valorisation Energétique UVE semble le plus approprié »
Incohérence ou mensonge délibéré ?
Les rédacteurs du Padduc seraient-ils négligents ou incompétents ?
Les membres de l’exécutif n’auraient-ils pas vu que l’incinérateur est toujours le mode de traitement retenu ?
Ou bien s’agit-il, une nouvelle fois, d’imposer l’incinération en déployant toutes les techniques de camouflage pour le dissimuler ?
Dans ce cas il s’agirait d’une tromperie délibérée des citoyens et des élus.
Si vraiment nos décideurs ont abandonné définitivement l’incinération, cela doit ressortir clairement du texte du Padduc qui sera soumis prochainement à l’assemblée.
Nous appelons les conseillers de l’assemblée de Corse à prendre leurs
responsabilités pour refuser ce PADDUC "nouvelle version" qui ne
change rien sur le fond et propose d’appliquer en Corse des modèles
de développement des années 60 et des technologies de traitement des déchets dangereuses et dépassées.
Une gestion des déchets en Corse toujours nettement insuffisante
Dans le même temps, la presse relate régulièrement l’absence de gestion cohérente des déchets à l’échelle de l’île : décharges puantes, centres d’enfouissement saturés, augmentation brutale des redevances.
Serait-ce une manière de chercher à faire croire qu’au final on ne peut pas se passer d’un incinérateur ?
Certains de nos élus seraient-ils toujours persuadés que cette solution est la seule ?
Rappelons que l’incinération transforme des déchets inertes en déchets hautement toxiques, dangereux pour la santé et l’environnement, et constitue, associée au transport des déchets, la solution la plus polluante et la plus coûteuse !
Pourtant on peut traiter les déchets autrement, de façon moins onéreuse et sans créer de danger pour la santé. Des solutions, adaptées à la géographie et à l’économie de la Corse, existent et fonctionnent très efficacement ailleurs.
Un expérience concrète dont la Corse pourrait s’inspirer
A l’occasion de l’assemblée générale de notre association, vendredi 17 avril à l’Université de Corse, Monsieur Dany Dietmann était invité pour une conférence publique.
Cet élu de terrain, ancien enseignant de SVT (biologie), auteur du livre "Déchets ménagers, le jardin des impostures" a exposé de quelle façon, par une politique de réduction et de tri des déchets, il est devenu l’un des pionniers d’une gestion réellement durable des déchets ménagers.
Il a défendu, dans le cadre du Grenelle de l’environnement, le moratoire sur l’incinération et la tarification incitative du service d’enlèvement des déchets.
Nous pouvons nous inspirer de ces expériences et les adapter à l’échelle de la Corse.
* Le Padduc tient lieu de Directive territoriale d’Aménagement, c’est à dire qu’il est au dessus de tous les autres plans, notamment du Piedma