– Le retard accumulé en matière de gestion des déchets et la nécessité de prendre des mesures rapidement ne sous-entend pas d’opter forcément pour un traitement thermique des déchets. C’est pourquoi le Centre National d’Information Indépendante sur les Déchets (CNIID) et la Coordination Nationale pour la réduction des déchets à la source (286 associations) prennent position en faveur d’un traitement des déchets réfléchi, excluant toute forme d’incinération des déchets. Le CNIID soutient les associations locales opposées à l’implantation d’un nouvel incinérateur en Corse, qu’il soit couplé ou non à une unité de valorisation énergétique. La production d’énergie issue de l’incinération des déchets est inefficace, le rendement énergétique d’un incinérateur ne dépassant jamais les 20-25 %. Cessons donc de brûler des matières premières non renouvelables et développons les solutions alternatives (biomasse, éolienne, solaire).
– La construction d’une unité d’incinération irait à l’encontre des principales orientations du plan interdépartemental d’élimination des déchets ménagers et assimilés de Corse, dont la volonté affichée est de dynamiser le recyclage matière et organique. "L’implantation d’un incinérateur empêche toute inflexion de la politique des déchets car il est nécessaire de rentabiliser l’installation, donc de l’approvisionner en déchets "explique Florence Couraud, directrice du CNIID.
– L’incinération produit des cendres et résidus polluants néfastes pour la santé contenant des métaux lourds, de la dioxine et de nombreux nouveaux polluants. Les dioxines sont associées à un grand nombre de problèmes sanitaires comme le cancer, la perturbation du développement sexuel, le diabète, et divers effets sur les hormones (Floret et al, 2006, INSERM 2002).
– De nombreuses alertes sanitaires ont déjà été lancées sur le territoire français, Gilly-sur-Isère, Gien, Besançon, etc… Tout rapport scientifique sérieux démontre la nécessité absolue d’avoir une meilleure connaissance des risques sanitaires encourus par la population. Le principe de précaution doit donc s’appliquer. De plus, la Corse a une image de nature préservée avec une agriculture souvent labellisée et ne peut pas se permettre de nuire à sa production agricole.
D’un point de vue économique, l’incinération n’apparaît pas comme une solution pertinente. Le surdimensionnement des nouvelles usines d’incinération conduit fréquemment à des difficultés économiques, comme c’est le cas de Calce, près de Perpignan. Un audit a récemment fait état de comptes déficitaires pour l’exploitant CYDEL, l’obligeant à demander une augmentation du prix du tonnage des ordures ménagères incinérées allant bien entendu à l’encontre d’une économie pour le contribuable.
– La gestion des cendres de l’incinération (concentré de polluants) constitue également un problème. Les résidus d’épuration des fumées (soit 6 724 tonnes pour 168 053 tonnes de déchets entrés à Perpignan) doivent être transférés dans une décharge pour déchets dangereux (CET de classe 1), or la Corse ne comprend pas ou peu de sites naturels d’importance pouvant répondre aux conditions de sécurité passives définies par l’arrêté du 9 septembre 1999. Cela implique donc d’envoyer ces résidus toxiques sur le continent avec le surcoût que cela induit.
– Enfin, comment gérer l’afflux touristique qui majore la population Corse de 30 % durant l’été. Cela implique des installations de stockage afin de répartir le pic de production tout au long de l’année et donc un investissement supplémentaire. L’incinérateur de Perpignan, vanté comme modèle par le syndicat mixte, est loin de constituer la solution miracle. Pendant l’été 2005, l’exploitant de Perpignan a envoyé ses propres déchets ménagers vers les incinérateurs des Bouches-du-Rhône et de l’Isère.
– Plutôt que d’avoir recours à l’incinération, technique de traitement des déchets dangereuse et obsolète, la Corse doit envoyer vers le continent tous les matériaux recyclables (plastique, papier, carton, verre, métaux, déchets électroniques, piles, etc…), faire du compost avec les déchets de cuisine et de jardin, et enfouir les 30 % de déchets résiduels dans des CET (centre d’enfouissement technique). Une telle filière créerait beaucoup plus d’emplois qu’un incinérateur, appelé hypocritement unité de valorisation énergétique (UVE).
Contact : Florence Couraud, Directrice du CNIID
Tel : 01 55 78 28 66/60 Fax : 01 55 78 28 61 ou florence @cniid.org